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HISTOIRE DU MANTOIS
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HISTOIRE DU MANTOIS
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HISTOIRE DU MANTOIS
9 juillet 2009

LA GALIOTE DE ROLLEBOISE

Au début du 19e siècle, une des merveilles et célébrités de ROLLEBOISE fut certainement la GALIOTE que monsieur Emile DEBRAUX chanta d'ailleurs de manière tout à fait plaisante.

Des régions voisines et même des vallées de l'Eure et de l'Epte, l'on se rendait à ROLLEBOISE pour prendre la GALIOTE faisant service par eau des voyageurs et marchandises depuis cette ville jusqu'à POISSY. Ce mode de transport était largement préféré à la diligence.

Les nourrices s'y retrouvaient nombreuses (parfois trop) se rendant à PARIS pour chercher les nourrissons et les ramener par le même moyen depuis POISSY. Les nombreux enfants amenés étaient entassés pêle-mêle dans le bateau. A la descente, chaque nourrice prenait les deux enfants confiés à sa garde, ou ceux le plus souvent d'une de leurs compagnes, d'où l'expression : "il a été changé en nourrice".

Perelle2

gravure de PERELLE La Galiote en Seine

La galiote contenait 89 places dont 40 dans le salon au prix de 2 Francs - 34 dans ses deux cabinets à 1,50 Francs et 15 sur son impériale à 1,25 Francs l'une. Attelée de 4 solides chevaux qui couraient pendant une grande partie du trajet, elle filait à une allure assez conséquente. Un relais fut établi à RANGIPORT (commune de GARGENVILLE). Un arrêté préfectoral du 13.5.1809 fixa le départ de ROLLEBOISE à 8 heures du soir avec une arrivée à POISSY le lendemain à 5 heures du matin. Pour l'aller, 9 heures étaient nécessaires pour accomplir le trajet mais 5 heures suffisaient pour le retour.

Cette différence s'explique par le courant qu'il fallait remonter à l'obscurité de la nuit et au très mauvais entretien du chemin de halage.

A l'arrivée de la galiote à ROLLEBOISE, partaient aussitôt pour EVREUX et pour ROUEN, deux fourgons dont le prix était fixé à l'époque à 5,25 Francs par place et deux guinguettes à 8,50 Francs la place. A son arrivée à POISSY, se trouvaient sur le port DOUZE cabriolets ou guinguettes appartenant à différents propriétaires qui transportaient les voyageurs sur PARIS moyennant encore 1,50 Francs par personne; chaque galiote faisant le service ROLLEBOISE/POISSY payait son droit fixe de 6 Francs et les batelets accomplissant le même trajet payait un Franc, le tout pour un seul voyage.

Mais depuis quand la GALIOTE existait-elle ? Nul ne le sait vraiment mais son existence remontait à plusieurs siècles. Madame la duchesse d'ENVILLE, veuve d'un des ducs de la ROCHEGUYON dans un Aveu de 1771 dit : "J'ai droit et suis en possession de temps immémorial d'avoir en port de ROLLEBOISE pour voiturer dudit port à celui de POISSY les personnes et marchandises qui se trouvent à mondit port de ROLLEBOISE à l'exclusion de tous autres, à l'exception seulement du seigneur dudit POISSY, avec lequel toutes les contestations survenus entre les bateliers et ceux de POISSY ont été terminées par transaction en forme de règlement passé entre LOYER et LANGE le 9 février 1689 [...] Pour exercer lesdits droits de voiture par eau, j'ai deux GALIOTES à mon port de ROLLEBOISE, pour voiturer dudit port à celui de POISSY, dont l'une part journellement et régulièrement à dix heures du soir et l'autre une fois seulement par chaque semaine, le mercredi, veille du marché de POISSY, pour porter audit marché les veaux et autres marchandises qu'on y peut faire conduire, quelquefois cependant dans des cas extraordinaires et quand il est besoin pour le service public on fait partir cette dernière dans d'autres jours que le mercredi".

Comme nous le constatons déjà en 1689 on parle d'une GALIOTE de temps immémoriaux et a donné lieu, dans ces temps à des discussions entre seigneurs riverains de la Seine.. 

Pendant la Révolution, les galiotes servaient aussi au transport des grains, des bestiaux pour approvisionner PARIS. ROLLEBOISE est alors à son apogée. Le 8 Thermidor an II de la République un accident se produisit sur la galiote "URSULE" : deux personnes furent noyées. Après cet accident, des visites furent ordonnées par monsieur le préfet. Dans ces conditions eut lieu le 16 juin 1820 la visite de la galiote la "SOPHIE" visite motivée par la plainte de certains voyageurs sur la solidité du bateau. Le nombre élevé de voyageurs stationnant à ROLLEBOISE donnait lieu, entre aubergistes à des scènes particulièrement fâcheuses et l'adminitration municipale sera obligée d'intervenir.

Il fut fait défense en date du 25 juillet 1809 à tous aubergistes, cabaretiers, gaillotiers, batteliers, entrepreneurs de voitures publiques, ainsi qu'à toutes personnes d'aller chacun devant son port ou habitation au-devant des voyageurs tel qu'il se pratiquait depuis longtemps pour éviter tout débordement et assurer la tranquilité publique et au maintien du bon ordre, sous peine de poursuite ! On ne plaisantait pas avec la Loi !

Madeleine ARNOLD TETARD (tous droits réservés)

Sources : La vie rurale dans le Mantois (E. Bougeâtre) Meulan 1971

A suivre voir dossier thématique LES TRANSPORTS DANS LEMANTOIS

BUREAU_DES_NOURRICES

" Le bureau des nourrices" par Joseph Frappa (Paris, Musée de l'Assistance Publique)

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